CARNATIC
Epave d'Egypte
Situé à la pointe Nord-Ouest du récif d’Abu Nuhas, le Giannis D compte parmi les épaves mythiques de la mer Rouge. Faisant route vers Jeddah et pendant que le capitaine se reposait dans sa cabine, le navire dévia du cap initialement fixé et s’encastra sur le récif le 19 avril 1983. Presque aussi célèbre que le Thistlegorm et le Rosalie Moller, cette épave est très appréciée des plongeurs grâce à l’ambiance du lieu et à la richesse de sa flore et de sa faune. Elle constitue aujourd’hui un site de premier choix pour tout plongeur explorant le nord de la mer Rouge.
Type de bateau
Bateau hybride à voile
et moteur à vapeur
Pavillon
Britannique
Mise à l'eau
12 Juin 1862
Londres (G-B)
Caractéristiques
Longueur 90 m
Tonnage 1776 tonnes
Puissance 2422 CV
Un peu d'histoire
Initialement baptisé Shoyo Maru, ce cargo vraquier fut construit en 1969 au Japon par le chantier naval Kurushima Dockyard Co. Ltd de Imabari. Propriété de la société Yamato Kisen K.K., ce navire faisait 99,5 mètres de long, 16 mètres de large et avait un tirant d’eau de 6,53 mètres. La propulsion était générée par un moteur diesel de 6 cylindres développant une puissance de 3000 cv, ce qui permettait au navire d’atteindre une vitesse de 12 nœuds. L’avant du bateau disposait de deux grandes cales alors que l’arrière était consacré à la superstructure avec la timonerie, les quartiers de l’équipage et la salle des machines.
En 1975, le navire fut vendu et rebaptisé Markus. Par la suite, la Dumarc Shipping and Trading Corporation du Pirée (Grèce) en fit l’acquisition en 1980 et le rebaptisa Giannis D. C’est alors que sa cheminée fut décorée d’un immense D majuscule.
Naufrage
Abu Nuhas
13 septembre 1869
Profondeur
16 à 27 m
Visibilité
30 à 35 m
Courant
Faible à modéré
Le naufrage
En avril 1983, chargé d’une cargaison de bois de charpente, le Giannis D quitta le port de Rijeka en Yougoslavie (actuelle Croatie) en vue de faire escale à Jeddah (Arabie Saoudite) pour y décharger une partie de sa cargaison et avec pour destination finale Al Hudaydah au Yemen.
La première partie du trajet - via la mer Adriatique, la mer Méditerranée et le canal de Suez - se passa sans encombre. Le 19 avril 1983, le Giannis D arriva au détroit de Gubal, un passage maritime relativement étroit dans le nord de la mer Rouge mais qui constitue (encore aujourd’hui) un passage obligé avant de pouvoir atteindre la haute mer. Le capitaine fixa le cap et, chose faite, confia la barre à un officier pour se retirer dans sa cabine et prendre un peu de repos. Ce dernier fut de courte durée car, peu de temps après, il fut brutalement réveillé par l’échouement de son navire sur le récif.
Le Giannis D avait en fait dévié vers l’Ouest par rapport à sa trajectoire initiale et, lancé à pleine vitesse, il s’encastra sur la face Nord-Ouest du récif d’Abu Nuhas. L’équipage quitta le navire rapidement. Un remorqueur égyptien recueillit les hommes et les transporta jusqu’à une plateforme pétrolière nommée Santa Fé. Un hélicoptère les prit ensuite en charge pour les ramener sur la terre ferme à Ras Shoke.
Le navire resta échoué sur le haut du récif pendant plusieurs semaines et, suite à une tempête, finit par se briser pour couler définitivement. Il repose depuis sur un fond compris entre 23 et 27 mètres de profondeur.
La plongée
Le Giannis D fait partie des épaves favorites des plongeurs en mer Rouge. Et elle fait à l’unanimité le bonheur des photographes. La visibilité généralement bonne et sa faible profondeur la rendent facilement accessible et on peut s’y balader tranquillement pour en explorer tous les recoins. On peut même faire une incursion à l’intérieur et profiter des magnifiques jeux de lumière. Les plongeurs plus expérimentés pourront quant à eux partir à la découverte de la salle des machines et des niveaux inférieurs.
L’épave se décompose en trois sections. La poupe constitue la partie la plus intéressante. Elle est posée côté bâbord à un angle de 45 degrés. On y pénètre facilement mais notez qu’une fois à l’intérieur, on peut se sentir désorienté par cette inclinaison qui se révèle parfois source de vertige pour certains plongeurs. On y entre généralement par le poste de pilotage, aujourd’hui débarrassé de tous ses équipements, pour atteindre la salle des machines via les escaliers. C’est le royaume des poissons de verre et des poissons hachettes. En se baladant au sein de l’épave, on peut y admirer les fascinants jeux de lumière que les photographes ne manqueront pas d’immortaliser.
A l’extérieur, l’accastillage, les bossoirs et les guindeaux sont encore bien en place. Vous pouvez également admirer l’hélice en partie enterrée dans le sable ainsi que la cheminée et l’immense portique où s’effectue généralement le palier de sécurité. Toute cette partie de l’épave a été colonisée par les anthias, les platax, les poissons lions, scorpions, pierres, crocodiles et les mérous. On peut également y admirer des raies à pois bleus sur le fond sableux et occasionnellement des napoléons.
Constituée de deux cales, la partie intermédiaire s’est complètement effondrée lorsque le bateau a coulé. On y observe encore le derrick et les treuils parmi les gravats et autres pièces métalliques. Ce sont aujourd’hui les murènes qui ont colonisé cette zone.
Au bout de quelques minutes, on arrive à la proue du navire qui repose totalement renversée sur son flanc bâbord. Tout comme la poupe, cette partie de l’épave semble avoir été découpée du reste de la structure. On y retrouve le mât avant colonisé par les coraux, éponges et alcyonnaires. Encore aujourd’hui, il continue à défier les lois de la gravité et s’étend parallèlement au fond sableux. Avec ses treuils et bossoirs toujours bien en place, le pont s’est transformé en domicile pour toute la faune récifale.
Le Giannis D est une magnifique épave accessible à tous les niveaux de plongée. Bien colonisée tant par les coraux que par la faune, avec un peu de chance, on peut même y rencontrer un groupe de dauphins !
Le saviez-vous ?
A ce jour, on ignore toujours pourquoi le Giannis D a changé de cap. Bien que le récif ait été endommagé (dégâts toujours visibles aujourd’hui), il n’y eut pas de victime à déplorer lors du naufrage et l’épave constitue aujourd’hui une étape incontournable pour toutes les croisières passant par le nord de la mer Rouge.