Lorsque l'on parle d'attaque de requin sur un surfeur, l'hypothèse la plus répandue est celle que le squale - en particulier le grand requin blanc (Carcharodon carcharias) - confond l'homme avec un pinnipède (otarie, phoque, etc.) lorsqu'il l'observe d'en-dessous et qu'il le mord donc par erreur.
De nouvelles recherches prouvent que cette théorie est fausse, que la silhouette d'un surfeur n'induit en aucune façon le requin en erreur et que les squales comprennent qu'il ne s'agit pas d'une otarie.
La principale motivation qui porte le requin à mordre est l'exploration.
Les résultats de l'étude Sharkschool "Do White Sharks Bites on Surfers Reflect their Attack Strategies on Pinnipeds?" viennent d'être publiés dans la dernière édition du "Journal of Marine Biology".
Les deux biologistes et spécialistes des requins, le Dr Erich Ritter (University of West Florida et fondateur de Sharkschool) et Alexandra Quester (université de Vienne), ont prouvé que les grands requins blancs ne confondent pas les surfeurs avec des otaries mais qu'ils saisissent et mordent ces derniers (ou leur planche) pour investiguer davantage ce qu'ils pourraient être.
Pour ce faire, ils ont analysé près de 70 accidents qui ont eu lieu entre 1996 et 2015 en Californie et en Oregon, sur la côte Ouest des Etats-Unis. L'analyse s'est principalement focalisée sur l'estimation de la taille des requins impliquées et sur le niveau de dommages encourus par les surfeurs ou leurs planches.
Si la théorie de l'erreur d'identification s'avérait juste, la taille minimale (longueur) du grand requin blanc qui attaque un surfeur devrait correspondre à celle des spécimens qui s'en prennent aux pinnipèdes. Ces derniers étant des animaux très agiles, seuls des grands requins blancs très expérimentés - qui ont généralement au moins une taille de 4 mètres - sont capables de les chasser efficacement. Les jeunes requins n'y parviennent tout simplement pas.
L'agilité des pinnipèdes oblige le grand requin blanc à infliger une première morsure de taille conséquente dont la puissance est capable d'immobiliser la proie. La gravité des blessures qu'il inflige aux surfeurs devrait donc être identique à celle dont ses proies sont victimes. L'analyse des morsures sur les surfeurs montre que ces dernières sont de petite taille et occasionnent des blessures superficielles. Ce type de morsure serait tout à fait inefficace pour neutraliser une otarie.
En conclusion, l'étude réalisée montre que la taille des requins impliqués dans les 70 accidents analysés est trop petite pour que ceux-ci s'en prennent à des otaries qu'ils sont de toute façon incapables de maîtriser.
Ces analyses permettent d'affirmer que la théorie de l'erreur d'identification chez les grands requins blancs est fausse. Il est à noter que, même dans des cas de morsures multiples, la motivation du requin reste l'exploration. Elle peut également traduire un comportement d'entraînement à la cible, de jeu ou de compensation (réponse du requin à une réaction du surfeur).
La publication scientifique de Sharkschool peut être consultée ici. Elle approfondit et avance d'autres faits qui contredisent la théorie de l'erreur d'identification.
Note rédigée par Jean-Marc Rodelet - président de Sharkschool Europe
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